Anges Gardiens ( Les )

Les Anges Gardiens

Jésus ne dit-il pas que les petits enfants ont leur ange 

protecteur : << Gardez-vous de mépriser aucun de ces 

petits : car, je vous le dis, leurs anges des cieux voient 

constamment la face de mon Père qui est au cieux. >> 

( Mt 18, 10 ). 

Pourquoi les adultes ne jouiraient-ils pas du même 

privilège ? Telle fut en tout cas la conclusion à 

laquelle parvinrent rapidement les chrétiens. 

Dès le second siècle, le Pasteur d'Hermas affirme 

que tout homme a son ange gardien dont il doit 

suivre les inspirations pour pratiquer la justice et se 

préserver du mal. Et saint Basile, au IVe siècle , 

écrit : << Que chaque fidèle soit assisté d'un ange 

qui guide sa vie comme un pédagogue et un pasteur, 

personne n'y contredira, s'il se souvient des paroles 

du Seigneur, disant : << Ne méprisez aucun de ces 

petits >>. 

Bien que l'Écriture n'affirme pas expressément 

l'existence des anges gardiens et que l'Église n'ait 

pas défini cette vérité, il serait téméraire de la nier, 

du fait de la très haute antiquité de cette doctrine et 

de l'expérience que tant de saints ont faite de leur 

existence. 

En 1915, c'est un ange qui vient apprendre aux 

trois bergers de Fatima comment il faut prier et qui 

leur annonce les prochaines visites de Notre-Dame. 

<< Je suis l'ange du Portugal >>, leur dit-il. 

Dès le XVIe siècle on se met ici et là à célébrer des 

offices en l'honneur des anges gardiens. La fête est 

ensuite fixée au 2 Octobre et le pape Léon XIII, en 

1883, la fait célébrer avec plus de solennité. 

Pie XI avait une grande confiance en son ange 

gardien. Il l'avait acquise en lisant les paroles de 

saint Bernard sur le respect, l'amour et la confiance 

qu'il faut avoir envers lui. Devenu pape, il 

recommandait aux représentants du Saint Siège de 

prier leur ange gardien d'intervenir auprès de celui 

des diplomates qu'ils devaient rencontrer. 

Recommandation qu'il fit notamment à Angelo 

Roncalli lorsqu'il le nomma en 1925 visiteur 

apostolique en Bulgarie. Quand il prenait congé d'un 

prélat chargé de quelque mission, il lui adressait le 

souhait de la liturgie : << Que le Seigneur soit sur 

votre chemin et que son ange vous accompagne ! >>. 

Devenu pape à son tour, Jean XXIII pensait très 

souvent lui aussi à l'ange gardien de ceux qu'il 

recevait. Lorsqu'il contemplait la foule des pèlerins 

rassemblés sur la place Saint Pierre, il pensait à la 

multitude tout aussi nombreuse des anges 

invisiblement présents sur la place. Et dans la 

confidence faite à un évêque canadien, il attribue à 

une inspiration de son ange gardien l'idée de 

convoquer le 21ème concile œcuménique. 

Pie XII, son prédécesseur, avait réaffirmé l'existence 

des anges dans son encyclique << Humani generis >> 

( 1950 ). Et, recevant en Octobre 1958, quelques 

jours avant sa mort, un groupe de pèlerins américains, 

il leur rappelait qu'il existait un monde plus admirable 

que toutes les merveilles qu'ils avaient contemplées 

au cours de leur voyage. Un monde invisible, mais 

tout aussi réel que le nôtre, celui des anges : << Ils 

étaient dans les villes que vous avez visitées... ils 

étaient vos compagnons de voyage >>. 

Très mystérieuse est l'action exercée par les anges. 

Incapables de connaître parfaitement l'essence de 

notre âme, nous sommes a fortiori dans l'impossibilité 

de nous faire une idée claire et distincte de la nature 

des anges et du mode de leur action. 

Appuyés sur l'Écriture et sur l'expérience des saints, 

nous pouvons néanmoins affirmer qu'ils nous 

protègent, qu'ils nous soutiennent, qu'ils nous guident 

et qu'ils offrent à Dieu nos prières. 

1- Nos protecteurs 

Ils écartent éventuellement les dangers qui nous 

menacent, soit en éloignant les objets qui pourraient 

nous blesser, soit en nous suggérant une démarche 

qui nous en éloigne. Les psaumes mentionnent cette 

protection ( 91, 11 ; 34, 8 ) et Tobie la détaille 

( 12, 3 ). Les actes des apôtres nous apprennent 

qu'ils sont venus délivrer Pierre et Jean ( 5, 19-20 ), 

puis de nouveau l'apôtre Pierre ( 12, 7-11 ). 

Mais les anges nous protègent surtout contre les 

attaques du démon, en diminuant l'intensité ou le 

nombre de ses tentations. 

2 - Nos soutiens 

Les anges, dit saint Bernard, << descendent du ciel 

pour nous consoler, nous visiter, nous aider >>. Un 

ange vient aider effectivement saint Jean de Dieu à 

porter un fardeau écrasant. 

Ils nous soutiennent surtout dans nos épreuves en 

nous rappelant leur valeur rédemptrice. 

<< Dans chaque chose que nous appelons une 

épreuve, un chagrin ou un devoir, se trouve, croyez-

moi, la main de l'ange >> ( Fra Angelico ). 

Il arrive même qu'un ange réconforte quelqu'un en 

lui apportant la Sainte Eucharistie. Un privilège dont 

bénéficièrent saint Stanislas Kostka, la vénérable 

Benoîte Rencurel ( qui reçut pendant 40 ans au Laus 

des visites de Notre-Dame ) et saint Gérard Majella. 

3 - Nos guides 

Saint Phillipe Béniti ( † 1285 ) et ses compagnons, 

égarés dans une forêt, épuisés par la fatigue, la soif 

et la faim depuis trois jours, sont remis par deux 

anges sur la bonne route et restaurés par un pain 

d'une blancheur éclatante et d'une saveur exquise. 

Saint Camille de Lellis fut remis lui aussi par un 

ange sur le bon chemin. C'est un ange qui vient 

chercher sainte Catherine Labouré dans la nuit du 

18 Juillet 1830 pour la conduire dans la chapelle de 

son couvent, rue du Bac : << Venez à la chapelle, la 

Sainte Vierge vous attend ! >>. 

Mais les anges sont surtout soucieux d'entraîner notre 

âme sur le chemin de la conversion. C'est un ange 

qui envoie le diacre Philippe sur la route qui descend 

de Jérusalem à Gaza pour qu'il y rencontre un eunuque 

de la reine Candace d'Ethiopie et qu'il lui enseigne la 

Bonne Nouvelle ( Ac 8, 26 ) ; c'est un ange qui 

demande au centurion Corneille de faire venir Pierre 

chez lui, à Césarée ( Ac 10, 3 ). 

Encore faut-il discerner, nous rappelle saint Ignace 

dans ses Exercices, les inspirations du bon ange et 

les touches du mauvais. Les premières apportent à 

l'âme paix et sérénité, tandis que les secondes causent 

trouble et inquiétude. 

Notre ange gardien nous aide à ne pas nous laisser 

obnubiler par nos multiples travaux et à réaliser que 

la contemplation fait partie intégrante de notre 

<< devoir d'état >>. 

Mais d'autre part il admire profondément en chacun 

de nous les choses merveilleuses qui n'existent pas 

chez lui mais sur lesquelles il veille avec beaucoup 

d'amour : la santé de notre corps, la pureté de nos 

gestes, la beauté de notre sourire, et spécialement du 

sourire que nous parvenons, avec son aide, à garder 

au milieu de nos épreuves. 

Notre ange gardien nous assistera très spécialement 

au moment de la mort. Il nous aidera dans l'ultime 

combat que nous devrons mener contre l'Adversaire, 

lorsque nous sera donné de découvrir en pleine 

lumière la profondeur de notre misère et que nous 

serons tentés de désespérer. 

Et du fait que l'Évangile affirme que le pauvre 

Lazare fut emporté par les anges dans le sein 

d'Abraham ( Lc 16, 22 ), la liturgie des funérailles 

nous fait chanter : << Que les anges te conduisent 

jusque dans le paradis ! >>. 

Les anges ne sont pas à la frontière entre le monde 

d'ici-bas et l'autre monde. Ils sont << la frontière >>. 

Ils ne sont pas de simples spectateurs qui attendent 

notre arrivée au paradis, mais des << passeurs >> :

ils nous font passer ! 

4 - Nos ambassadeurs auprès de Dieu 

Les anges présentent à Dieu nos prières. 

L'Écriture nous l'affirme ( Tobie, 12, 12 ; Ap 5, 8 ;

8, 3-4 ) et les Pères y insistent volontiers. 

<< Alourdie par le corps, notre prière, remarque 

Bossuet, est faible et languissante. >> Aussi sont-ils 

chargés de la faire monter vers Dieu. Sœur Faustine 

en fit un jour la bienheureuse expérience : 

<< Aujourd'hui je n'ai même pas pu me rendre à la 

sainte messe ni communier, mais, en proie aux 

souffrances de l'âme et du corps je me répétais : Que 

soit faite la volonté du Seigneur. Je sais que Ta 

générosité est infinie. J'entendis alors un ange qui 

chanta le chant de toute ma vie, tout ce qu'elle 

contenait. Je m'en suis étonnée mais également 

fortifiée >> ( Petit journal, n° 1202 ). 

Nos anges présentent aussi à Dieu nos sacrifices qui

les rendraient jaloux, si la jalousie existait dans le 

ciel. << Si l'envie pouvait régner au royaume de 

l'amour, disait saint François de Sales, les anges 

envieraient les souffrances de Dieu pour l'homme et 

les souffrances de l'homme pour Dieu >>.